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Texte catalogue C14-PARIS 2022

En présence du travail de Thibaut Renoulet on se sent épié. Sa Tribu est là, les yeux braqués sur nous. Des têtes, des masques, des fragments de membres, des anses qui sont aussi des nez, des pattes soutenants des contenants-corps, des mains gravées dans la matière s’adressent à nous. Certains diront que ses pièces sont plastique- ment éclectiques, mais il vous rétorque que c’est l’œuvre d’un collectif, celui qui siège dans sa tête. Il s’agit d’un travail pour ainsi dire organique : les formes ne sont pas programmées en amont, alors même que l’artiste dessine et peint beaucoup, elles sont modelées avec le plus de spontanéité possible dans une terre souvent chamottée et dans une sorte d’urgence. Un élément en appelle un autre, les pièces croissent. Tout peut arriver : ça peut s’effondrer ! Ça repousse… Ça peut fissurer ! Il recoupe… La couleur ne convient pas, il recuit… La texture est trop simple, il grave après cuisson ! La pièce manque de relief, elle est surlignée de dorure… Tant que la pièce est dans l’atelier, elle est susceptible de changer ! Quand elle est exposée, elle est déjà pleine de toute une vie et nous le sentons. Les résonances avec l’expres- sionnisme et l’Art brut sont nombreuses, celles avec les cultures lointaines aussi. On pense d’abord à Combas, à Dubuffet, mais aussi à Basquiat et à Baselitz. Un peuple se dresse. Les matières discutent, les couleurs crient, les pièces semblent traversées d’une sorte d’agitation qui se dit dans un langage de formes aussi anthropomorphe qu’utilitaire. Animé et animiste, le travail de Thibaut Renoulet saisit, capte et parfois bouscule.

Clémence Mergy pour C14-Paris.

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Texte TERRALHA
2021

Des personnages nous font face, trapus, campés. Ils assument leur étrangeté, leur différence : excroissances, ablations, hybridations. Ils sont équivoques, ils pourraient nous inquiéter, comme ces êtres issus d’une dystopie;

Mais la franchise de leur regard invite à une confiance partagée.

Thibaut Renoulet est un jeune céramiste que certains ont pu découvrir ici, à l’été 2020, lors de la manifestation « Nouvelle vague de la Jeune Céramique ». Il poursuit et élargit sa galerie de portraits et nous invite à de nouvelles rencontres.

On retrouve des matières brutes, des couleurs un peu terreuses, des émaux posés à la manière d’un peintre, par touches et qui recouvrent ponctuellement une argile râpeuse qui ne se dissimule pas.

Toujours solides et campés, ces nouveaux venus semblent plus insouciants. La palette des émaux s’est faite plus généreuse et elle adoucit la rugosité des caractères. Le dessin expressionniste s’est fondu dans la matière et fait corps avec la sculpture.

Ils étaient inquiets, réservés, ils sont à présent attentifs, concernés et toujours sincères.

Nathalie Hubert, céramiste et membre de l'association TERRALHA, Saint-Quentin-la-Poterie.

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Texte
catalogue
C14-PARIS  2019

Thibaut Renoulet traite du portrait. Il a recours à l’écriture, au dessin, au dessin - écriture, au volume modelé ( masques, bustes en grès ) et à des entre - deux sortes de volumes muraux, du noms de Médaillons. Outre le sujet qu’elles ont en commun, toutes ces pièces se relient les unes aux autres par la manière dont elles sont faites. Approche plastique rudimentaire, Thibaut Renoulet ne fait appel qu’aux matériaux ramassés ou à portée de main. Rendu brut, dessin naïf. Toutes - aussi. Diverses soient - elles plastiquement - se regroupent derrière la dénomination commune de de Tribu. On peut y voir une société à caractère primitif, clanique et fortement hiérarchisée, dans laquelle le statut fait l’Homme. Certaines figures, plus hybrides et plus grosses appartiennent aux règnes des Idoles, d’autres, toutes petites , les honorent et prient, quand d’autres construisent ce que d’autres cassent.

Les artistes, eux- mêmes, semblent devoir y trouver une fonction. En réalité, ces portraits sont moins ceux d’individus désignés ( ancêtres, amis ...) et figés à un temps donné que la galerie évolutive des états créatifs d’un seul individu qui n’est d’autre que Thibaut Renoulet lui même. La question du masque, pour ses ambivalences multiples ( voir sans être vu, la falsification des ressentis, la duperie sociale...) est pour lui essentielle. Thibaut Renoulet établit également un parallèle entre l’écriture, qui lie entre eux les mots scandés et amoncelés (cf. A.Artaud, H. Michaux), et les traitements infligés au grès ou à la porcelaine. Il n’a pas toujours envie de respecter les temps inhérents à la matière, pas plus qu’il ne veut respecter parfois leur protocole de mise en oeuvre. Émail, cuivre, verre viennent successivement recouvrir les pièces et donner lieu à d’innombrables cuissons, dans l’espoir d’une finalité enfin identifiée ou d’une révélation à caractère divinatoire.


Stéphanie Le Follic - Hadida.

Docteur en histoire de l’art, représentante de l’Académie Internationale de la Céramique auprès de l’UNESCO.

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